Recherches-actions en protection de l’enfance : de la théorie à la pratique en faveur de l’accompagnement des enfants et adolescents placés

Séminaire de laboratoire du 22 février, 10h en F106 (salle des thèse)

Présentation de Sophie Buisson, psychologue, doctorante en psychologie au laboratoire CRFDP et de Nathalie Boulet, chargée de mission promotion de la santé à l’IDEFHI

Attachement et mentalisation : l’évaluation des situations d’enfants âgés de 3-6 ans confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance pour sécuriser les parcours ?

Au 31 décembre 2019, plus de 312 500 mineurs bénéficiaient d’une prestation ou d’une mesure relevant du dispositif de protection de l’enfance sur la France entière (HAS, 2021, ONPE 2021). Un chiffre conséquent, qui en fait une problématique de santé publique majeure. En effet, dans le domaine de la protection de l’enfance, les « aidants professionnels » sont de plus en plus confrontés à des enfants et adolescents qui présentent des problématiques psychiques lourdes, souvent complexes et multifactorielles qui peuvent les fragiliser dans leurs pratiques d’accompagnement (Drieu, Horrière et al., 2010 ; Drieu, Sarabian et al., 2012).
Les enfants placés sont susceptibles d’avoir vécus des expériences d’adversité traumatiques précoces caractérisées par l’imprévisibilité des interactions avec leurs caregivers, ce qui peut mettre à mal la qualité de leur attachement (Bonneville, 2010 ; Bonneville-Baruchel, 2015). Ces événements de vie à teneur traumatiques sont également à risques d’entraver le développement de leurs capacités de mentalisation ainsi que leurs modalités de régulation émotionnelle (Bateman et al., 2019 ; Fournier et al., 2019). Dès leur accueil, ils présenteraient des indices précurseurs de mentalisation très précaires, et en grandissant, ils pourraient faire face à des capacités de mentalisation restreintes, les amenant à privilégier les passages à l’acte et les conduites à risques au détriment d’activités de pensées réflexives
(Chabot et al., 2015; Tereno, 2022; Terradas et al., 2017). Ainsi, ces jeunes enfants présentent un risque élevé de développement de troubles psychopathologiques (Cyr et al., 2020; Guédeney et al., 2012; Main, 1998; Tereno et al., 2007). Dans ce contexte, nous avons été amenés à nous questionner : comment favoriser la construction psychique et affective de ces enfants placés ? Comment permettre le déploiement de leurs capacités de mentalisation et d’un sentiment de sécurité interne vis-à-vis des professionnels qui les accompagnent ?
Par le biais d’une recherche-intervention en contrat CIFRE, il nous est apparu indispensable d’une part d’évaluer les représentations d’attachement et les indices précurseurs de mentalisation des enfants et d’autres parts de proposer des actions de prévention et de médiation au sein de l’institution d’accueil. Grâce à un travail de liens transdisciplinaires, entre psychologie et promotion de la santé notamment, ces pistes d’accompagnement s’expriment par la réalisation de temps de sensibilisation auprès d’équipes psycho-éducatives, mais également par la mise en place d’ateliers de médiation auprès des enfants (Domon-Archambault et al., 2020; Terradas et al., 2017, 2019). Dans un contexte de mutations qui touche profondément le champ social et médico-social, ces actions de prévention ont permis d’insister sur l’importance de situer l’enfant au cœur des pratiques en protection de l’enfance, tout en soutenant les professionnels qui les accompagnent.

Présentation d’Andréa Durand, psychologue, doctorante au laboratoire CRFDP et de Cécile Pourcher, Cheffe de projet, CHU de Rouen Normandie

« Recherche-action : quels accompagnements pour les professionnels dans la prise en charge d’une population vulnérable ? »
Nous discuterons de l’étude « Facteurs de vulnérabilité/résilience influençant les trajectoires développementales et les modalités adaptatives d’enfants et d’adolescents confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance – cohorte primo-arrivants ».
Cette recherche a pour objectif principal d’évaluer la prévalence des caractéristiques médico-psychologiques au moment du placement, ainsi que leur évolution au cours des deux années suivant le placement chez les enfants et adolescents, âgés de 0 – 16 ans, confiés à l’aide sociale à l’enfance et placés à temps plein dans des structures d’accueil. Cette recherche s’intègre dans un projet plus large, celui de la FHU-PEA (Protection Ensemble Avançons !), regroupant plusieurs partenaires avec un triple objectif : recherche, clinique et enseignement. La mise en œuvre de la recherche a permis de consolider le lien entre les intervenants et de proposer des interventions de préventions ciblées portant sur les troubles psychopathologiques chez les enfants et adolescents pris en charge correspondant aux besoins des équipes des structures d’accueil. Ce volet action s’est développé autour de thématiques telles que : attachement, mentalisation, traumatisme, auprès des professionnels de la protection de l’enfance (agents éducatifs, infirmières, cadres, psychologue, éducateurs). C’est ainsi que nous avons mis en place des temps de sensibilisation dans le but d’améliorer la prise en charge de cette population vulnérable pris en charge par l’ASE.

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