1er Séminaire Recherche CRFDP Masters-Doctorats Jeudi 30 novembre 2023

Cette 1^ère après-midi Recherche Master-Doctorat du laboratoire CRFDP de l’année 2023-2024 vise à proposer un espace d’informations et d’échanges autour de communications orales présentées d’une part, par des étudiant.e.s de master (à propos de leur recherche menée en M1, au travers des différents parcours) et d’autre part, par des doctorant.e.s/ docteur.e.s de notre laboratoire (selon les avancées de leur thèse, au travers des différentes équipes).Les membres permanent.e.s (MCU, MCU-HDR, PU, IGE), temporaires (doctorant.e.s, docteur.e.s, ATER) et associé.e.s du laboratoire ainsi que les étudiant.e.s de M1 et M2 du master de psychologie sont convié.e.s à ces après-midi Recherche faisant liens entre master, doctorat, au sein du CRFDP.Les communications sont de 10 minutes en master (et 10 minutes d’échanges) et de 15 minutes en doctorat (et 15 minutes d’échanges).Une 2^ème après-midi Recherche Master-Doctorat est programmée le jeudi 21 mars 2024 entre 14h et 18h, qui portera sur les recherches menées principalement en doctorat, sous deux formats de présentation (orale ou poster), devant le même public convié (lieu à préciser).

Que soient ici remercié.e.s les intervenant.e.s et les modérateurs de leur participation volontaire.Les deux après-midi sont considérées comme des séminaires de recherche du laboratoire CRFDP.

Programme

14h00 Ouverture

Vincent ROY Directeur adjoint du Laboratoire CRFDP

Bruno VIVICORSI Responsable du Master de psychologie

14h10 L’éco-anxiété et l’éco-culpabilité : comment les connaissances scientifiques sur la crise environnementale influent sur la détresse ressentie face aux enjeux écologiques

Yohan MARTINY Parcours Master ‘Psychologie Clinique et Psychopathologie : Évaluations, Soins Psychiques et Recherche’

La crise climatique est un phénomène qui impacte la santé des Hommes par différents biais, que ce soit par la pollution, l’augmentation de la gravité et de la fréquence des catastrophes naturelles, la modification des températures, etc. Mais elle impacte aussi les humains sur la sphère psychologique, par la prise de conscience de la réalité du danger que constitue les changements climatiques. C’est ce qu’on appelle l’éco-anxiété. Je vais donc présenter les principales caractéristiques de l’éco-anxiété et présenter ma recherche sur l’impact de la connaissance scientifique du réchauffement climatique sur le vécu d’éco-anxiété. Je traiterai aussi la question de la culpabilité face à ses propres comportements nuisibles pour l’environnement. Malgré la normalité du phénomène d’éco-anxiété, il est important que les psychologues évaluent et accueillent cette préoccupation qui peut s’inscrire dans un tableau anxieux ou dépressif. Peu importe la spécialité du psychologue, l’éco-anxiété peut se manifester chez toutes les populations, même si celle-ci est plus fréquente chez les enfants, adolescents et jeunes adultes.

Encadrant : Jean-Michel COQ

14h30 Étude de l’influence des caractéristiques physiques du lieu de travail, médiées par le style d’attachement et la satisfaction au travail sur le stress des individus

Juliette GENTY Parcours Master ‘Psychologie du Travail et Ingénierie Psycho-Sociale : Perspectives Fondamentales et Appliquées’

Les liens unissant les caractéristiques de l’environnement de travail avec le bien-être et le stress ont été largement étudiés dans la littérature scientifique. Des études ont notamment montré l’impact de la lumière naturelle et du type de bureau sur le stress ressenti des salariés. De la même manière, des travaux antérieurs ont permis de mettre en évidence la pertinence de l’utilisation de la théorie de l’attachement de Bowlby (1969) pour étudier la satisfaction et le stress au travail.

Nous avons donc fait l’hypothèse que certaines caractéristiques physiques de l’environnement, via le style d’attachement au lieu et la satisfaction au travail, influencent le stress ressenti par les travailleurs. Le choix de l’éclairage, du type de vue et du nombre de personne partageant le bureau comme variables indépendantes a été fait au regard de la littérature préexistante sur le sujet.

Les données ont été récoltées grâce à la diffusion d’un questionnaire d’auto-évaluation rempli par 100 personnes travaillant dans des bureaux différents. Les hypothèses ont été testées grâce à un modèle linéaire général. Nous avons pu constater que le nombre de personne partageant un bureau influence les trois styles d’attachement et que ces derniers ont un effet direct ou indirect sur le stress perçu. En revanche, aucun lien direct n’a été identifié entre les caractéristiques physiques de l’environnement et le stress ou bien la satisfaction. Ces éléments suggèrent qu’un environnement physique de travail adéquat n’est pas suffisant pour réduire le stress des individus au travail et que le style d’attachement de ces derniers est un facteur non négligeable qui doit être pris en compte.

Encadrant : Fabrizio SCRIMA

14h50 Les connaissances naïves de l’intelligence chez les adolescents de 6^ème et de 3^ème

Camille PERE-FAM Parcours Master ‘Clinique du Développement : Situations de Handicap et Problématiques Actuelles’

Si l’intelligence est un concept abondamment investigué et interrogé en psychologie, peu d’études se sont intéressées aux connaissances naïves que les enfants et adolescents peuvent avoir de celle-ci. Notre recherche a œuvré dans cette optique. La méthode du focus group a été utilisée auprès de 24 adolescents de 6^ème et 16 de 3^ème. Nous avons initié l’échange par la question « Qu’est-ce que l’intelligence pour vous ? » Les verbatim ont été analysés via des méthodes tant quantitatives que qualitatives. Nous observons que les adolescents de 6^ème comme ceux de 3^ème évoquent l’intelligence en termes de capacités possédées et d’adéquation de leur comportement au réel. Ils abordent plusieurs champs de révélation de l’intelligence. Il s’agit également pour eux d’une compétence en mouvement dépendante du contexte. En outre, les deux groupes verbalisent des propos de l’ordre de métacognitions. Enfin, ces résultats sont mis en perspective avec ceux précédemment trouvés pour ces populations.

Encadrante : Katia ROVIRA

15h10 Validation de la Celebrity Worship Scale (échelle de mesure des relations parasociales) en langue française

Ophélie MARTINEAU Parcours Master ‘Psychologie Clinique et Psychopathologie : Évaluations, Soins Psychiques et Recherche’

Les relations entre stars et fans s’accroissent exponentiellement dans notre quotidien par le biais des différents canaux de diffusion qui se développent, notamment les réseaux sociaux. Ces derniers entraînent une réduction des niveaux de distance socio-psychologique, une proximité sociale et culturelle importante ainsi qu’une similarité identitaire entre célébrité et fans qui va permettre le développement d’un nouveau type d’interaction : les relations parasociales. En France, le domaine du culte des célébrités et des relations qui en découlent n’est que très peu investigué en comparaison des États Unis qui possèdent un état de l’art assez important sur le sujet. Cette recherche a pour but de valider en français l’échelle anglaise la plus fiable qui mesure le culte des célébrités : la Celebrity Worship Scale (McCutcheon et al., 2002). L’échelle princeps possédait 17 items corrélés entre eux qui permettaient de déterminer trois stades du culte de célébrité. Après la traduction de l’échelle et le développement d’un questionnaire socio-démographique, le questionnaire a été administré à 249 participants majeurs sur Internet. Les analyses factorielles ont permis de mettre en évidence une cohérence interne de l’échelle de bonne qualité (alpha de Cronbach à 0.91), une corrélation inter items très satisfaisante (entre 0.83 et 0.94) ainsi qu’une bonne validité de l’équation du modèle (RMSEA égale à 0.06, χ² (88) = 178,96 ; p < 0.05). Ces analyses ont aussi permis de mettre en exergue 3 facteurs distincts se rapprochant des trois stades du culte de célébrité de l’étude princeps. Cependant, la validité externe de l’échelle n’a pu être validée dans cette recherche et il reste encore de nombreux facteurs à explorer. Cette première validation constitue une bonne base pour initier la recherche scientifique française à ce domaine.

Encadrante : Susana TERENO

15h30 La préparation : clé de l’automaticité en double tâche ?

Morgan LYPHOUT Équipe ‘Action et interaction sociale’

Avec François MAQUESTIAUX (Université de Rouen Normandie), Eric RUTHRUFF (University of New Mexico) et Steeven CHALOYARD (Université de Rouen Normandie)

Les individus sont-ils capables de réaliser deux tâches nouvelles simultanément ? Les théories majeures de l’interférence en double tâche s’accordent sur le fait que de telles tâches ne peuvent être traitées en parallèle, en raison de limitations de la capacité de traitement au niveau central du traitement de l’information (e.g., sélection de la réponse). Dans cette étude, nous proposons une nouvelle hypothèse selon laquelle les gens seraient en réalité capables de traitement central parallèle, mais y parviennent peu souvent en raison d’un manque de préparation des tâches. Cette hypothèse, que nous avons nommée ‘hypothèse de la négligence préparatoire’, a été testée au moyen de quatre expériences de double tâche associant des tâches nouvelles (tâche 1 et tâche 2) dont les associations stimulus-réponse étaient arbitraires. Dans l’expérience 1, nous avons employé la procédure classique de la ‘période réfractaire psychologique’ (PRP), et répliqué l’observation de nombreuses études PRP de la littérature : aucun des participants n’est parvenu à traiter les tâches en parallèle, cette observation étant notamment étayée par un coût de double tâche élevé pour la tâche 2 (445 ms). Dans l’expérience 2, nous avons ajouté des essais de simple tâche pour la tâche 2 en amont des essais de double tâche PRP, puis mêlé des essais de simple tâche pour la tâche 2 aux essais de double tâche PRP, de manière aléatoire afin de renforcer la préparation de cette tâche. Près de la moitié des participants de cette expérience sont parvenus à contourner la limitation centrale et ainsi traiter les tâches en parallèle, comme le prouve le faible coût de double tâche sur la tâche 2 (48 ms). Dans deux expériences complémentaires, nous avons étudié les effets respectifs de la pratique préalable en simple tâche et des essais de simple tâche mêlés aux essais de double tâche PRP. Ces deux expériences ont démontré que la pratique initiale ne suffit pas pour permettre le déploiement d’un traitement central parallèle, mais que cela est possible en boostant la préparation de la tâche 2 grâce aux essais de simple tâche mêlés aux essais de double tâche PRP. Nous pouvons ainsi conclure que, contrairement à ce que rapporte la littérature, l’automaticité en double tâche est possible pour peu que les individus soient suffisamment préparés.

Encadrant : François MAQUESTIAUX

16h00 Pause

16h10 Le développement moral du jeune adulte sous le regard de la qualité de l’attachement et de la dynamique familiale

Flora LEVY Parcours Master ‘Psychologie Clinique et Psychopathologie : Évaluations, Soins Psychiques et Recherche’

Dans l’enfance, la morale se développe à travers l’acquisition de différents stades cognitifs. Les apprentissages liés à la morale se faisant en partie à la maison en famille, nous proposons dans cette étude d’explorer le lien entre le développement moral et la qualité de l’attachement ainsi que la dynamique familiale. Kohlberg (1958) décrit plusieurs stades de développement moral allant de la peur des conséquences, des punitions (niveau pré-conventionnel), à des concepts plus abstraits comme la valeur de la vie humaine (niveau post-conventionnel), ce qui nous permet d’analyser cette problématique. Notre étude a porté sur un échantillon de 482 adultes âgés de 18 à 25 ans. Notre but était de voir si un attachement plus ‘insécure’ et une dynamique familiale moins équilibrée pouvait induire un niveau de développement moral moins élevé. L’analyse de nos trois variables s’est faite grâce à trois auto-questionnaires à remplir en ligne. Nous avons utilisé pour cela le Defining Issues Test (DIT) de Rest (1974) pour évaluer le développement moral, le Relationship Scales Questionnaire (RSQ) de Bartholomew (1994) pour évaluer le style d’attachement, et enfin le Family Adaptability and Cohesion Scale (FACES IV) de Olson (2006) pour appréhender la dynamique familiale. Notre étude n’a pas montré d’impact significatif du style d’attachement et de la dynamique familiale sur le score de développement moral. Nous avons trouvé un effet faible du genre sur l’utilisation prédominante des stades de développement moral. Les hommes ont rapporté plus de réponses d’un niveau pré-conventionnel que les femmes (d = – 0.25) et les femmes ont donné plus de réponses d’un niveau post-conventionnel comparativement aux hommes (d = 0.21).

Encadrante : Susana TERENO

16h30 Étude de la validité écologique et des erreurs visuelles dans une version mise à jour du test neuropsychologique DO 80

Julie HEURTEAUX Parcours Master ‘Neuropsychologie Cognitive et Psychopathologie : du diagnostic aux prises en soin individualisées’

Cette étude constitue une analyse des types d’erreurs commises au test neuropsychologique DO 80 (Deloche & Hannequin, 1997) visant la dénomination d’images sous forme de dessins chez une population d’adultes âgés tout-venant de 60 à 75 ans. L’objectif est d’étudier l’impact d’une version mise à jour du test utilisant des photographies (à la place de dessins) pour représenter les différents items. Deux groupes de participants ont été comparés, l’un utilisant la version originale du DO 80 (dessins) et l’autre utilisant la version mise à jour (photos). Les résultats montrent que les participants commettent significativement moins d’erreurs de dénomination orale lors de la passation de la version mise à jour du DO 80. L’analyse des erreurs commises révèle des différences entre les deux versions du test. La version mise à jour est associée à un plus grand nombre d’erreurs de type perturbations sémantiques, contrairement à la version originale qui donne lieu à un nombre plus important d’erreurs visuelles, témoignant d’une plus faible validité écologique. Cette étude souligne l’importance de la validité écologique dans l’évaluation des processus de dénomination orale et offre des perspectives pour le développement d’outils d’évaluation plus spécifiques dans la pratique clinique.

Encadrant : Bruno VIVICORSI

16h50 La dynamique de groupe lors du debriefing collectif suite à un traumatisme chez les pompiers : groupe identitaire, influence et faille narcissique

Esaline AUBERT Parcours Master ‘Psychologie Clinique et Psychopathologie : Évaluations, Soins Psychiques et Recherche’

Le questionnement qui guide ce mémoire est de l’ordre de trois pistes de réflexion. La première étant la place accordée au psychologue comme membre extérieur au monde des pompiers dans le debriefing. La seconde est, durant le debriefing, d’examiner s’il n’y aurait pas une influence hiérarchique naturelle qui s’installerait dans la dynamique groupale, court-circuitant ainsi l’élaboration individuelle du traumatisme. Puis, la dernière est tout simplement de savoir s’il y a une mise en évidence des failles narcissiques individuelles au détriment d’une place, d’une identité dans le collectif des pompiers, fort d’une image de héros intouchable.

Encadrant : Jean-Michel COQ

17h10 Les dés de Darwin : une étude évolutive des mécanismes de prise de risque chez les primates

Anthony ROIG Équipe ‘Action et interaction sociale’

Avec James RIVIÈRE (Université de Rouen Normandie), Régis THOUVARECQ (Université de Rouen Normandie) Hélène MEUNIER (université de Strasbourg) et Elsa ADDESSI (Unit of Cognitive Primatology & Primate Center, Rome)

Nous avons pour objectif d’explorer l’évolution des attitudes face au risque chez les primates non-humains, un domaine largement méconnu. Dans cette perspective, nous adoptons une méthodologie de test permettant des comparaisons interspécifiques pour révéler d’éventuelles différences significatives dans les attitudes face au risque. Chaque individu sera soumis à deux tâches, variant la manière dont la probabilité associée au risque est présentée. En plus d’évaluer la réaction de chaque individu à ces tâches, nous créerons un score composite pour dépeindre leur attitude globale envers le risque. En utilisant ces scores, nous entreprendrons une analyse phylogénétique pour déterminer si les espèces étroitement liées sur le plan de l’évolution partagent des attitudes similaires envers le risque. À travers ce projet et la mise au point d’une méthodologie systématisée, nous aspirons à jeter la lumière sur l’évolution des attitudes face au risque et les facteurs qui les influencent.

Encadrants : James RIVIÈRE et Régis THOUVARECQ (laboratoire CETAPS)

17h40 Clôture

Didier DRIEU Directeur du Laboratoire CRFDP